Village de Baelen
I. Situation géographique
Installée à mi-chemin entre Limbourg et Eupen, la commune de Baelen-Membach présente aux touristes qui s'y attardent quelques peu, un choix de découvertes multiples.
Depuis les paysages variés et montueux que l'on découvre lors de promenades au creux des anciens chemins jusqu'à l'architecture typique de ses vieilles fermes.
Chaque centre étant admirablement flanqué de son église et paré encore de quelques coins pittoresques.
Mais avant de vous emmener plus loin dans la découverte de notre commune, nous voudrions d'abord vous la présenter !
La commune de Baelen-Membach, sise au NORD-EST de la province de Liège, fait partie du canton de Limbourg et de l'arrondissement administratif et judiciaire de Verviers.
Elle est bornée au NORD par la commune de Welkenraedt, à l'EST par celles de Kettenis (Eupen), d'Eupen et de Waimes.
Au SUD, par les communes de Waimes, Jalhay, Goé (Limbourg), à l'OUEST, par celles de Bilstain (Limbourg), Henri-Chapelle (Welkenraedt).
Le territoire ainsi circonscrit, rassemble une population de près de 3850 habitants et présente une superficie de 8822 hectares dont plus de 30% sont recouverts de forêts.
Présentant une altitude de 250m au pied de la tour de l'église de Baelen et de 245m de celle de Membach, l'entité possède la particularité de rassembler de nombreux hameaux et lieux-dits autour de l'agglomération mère.
Le promeneur découvrira ainsi pour Baelen : "Les Forges, Heggen, Honthem, Mazarinen, Néreth, Meuschemen, Oeveren, Overoth et Runschen".
Quant à Membach : "Haagen, Hestreux, Weper, Berg, Drossart, Straet, Boveroth, Kaikert, Winkel, sur le Moulin, Lousberg, Oe, Gisberg, La Gileppe et Croix-Noire".
II. Historique
La première mention de Baelen figure dans une charte datée du 13 juin 888 et signée par le roi germanique ARNOUL DE CARINTHIE (887-899).
Celui-ci confirme, à la collégiale d'Aix-la-Chapelle, la donation de la nône de 43 villas impériales dont celle de "BAILUS", forme latine de Baelen.
Il paraît évident que Baelen, pour être cité à la fin du IXe siècle, devait représenter une bourgade d'une certaine importance et dès lors, exister depuis longtemps déjà.
La Via Mansuérisca, route romaine, dont le tracé transite par la commune de Baelen-Membach, fut jadis une percée importante au cur même de notre région.
Cette voie de pénétration amena tout naturellement divers convois militaires auxquels s'associèrent très rapidement marchands et colons.
Faut-il situer à cette colonisation romaine la naissance de cette villa "BAILUS" citée dans la charte ?
Certains étymologistes estiment que le nom de Baelen dérive d'un toponyme d'origine romaine, à savoir : "Bajulivus mansus", ce qui signifie : "Ferme à l'enclos emmuré".
Cette assertion nullement fondée, peut-être confondue par une seconde, d'origine celtique.
L'hypothèse suivante tendrait à faire de Baelen un site occupé par les celtes.
Les désinences "Bal" et "en", en langue celtique se traduisent respectivement par : bal = au bord ----- en = rivière.
La situation géographique du village, traversé à sa lisière NORD par le ruisseau de Baelen, permettrait, plus vite, d'accepter la seconde hypothèse comme vraisemblable.
Quoi qu'il en soit, la présence d'une exploitation agricole sur le sol baelenois est certaine.
Au cours des années 250 à 275 après J.C., les Francs-Ripuaires franchissent le Rhin et s'installent progressivement dans la zone comprise entre Meuse et Rhin.
Les garnisons romaines, chassées de leurs fortifications, se retirent peu à peu des territoires qu'elles occupaient. Les populations franques s'y implantent définitivement au cours du Ve siècle.
De ce fait, notre contrée devient possession de l'empire franc-carolingien.
Elle restera dans la sphère d'influence du monde rhénan pendant tout le Moyen-âge, nonobstant sa situation à la limite des nationalités et des parlers romans et germaniques.
Sous les Carolingiens, la circonscription ecclésiastique et la subdivision politique se confondaient pour ne former qu'un seul et même territoire.
Ainsi, Baelen avec ses dépendances, domaine agricole, se mua à l'ère féodale en haut-ban et se maintint tel durant les siècles qui suivirent.
Il continua de grouper jusqu'à la fin de l'ancien régime, les localités du fundus primitif.
Le haut-ban de Baelen, incorporé dans le comté puis duché de Limbourg, rassemblait les villages de Baelen, Membach, Henri-Chapelle, Eupen, Limbourg, Goé, Bilstain et Welkenraedt.
Le ban de Baelen rassemblait jadis de nombreuses seigneuries et quelques fiefs.
Siège du haut-ban, Baelen possédait une cour scabinale qui rendait la justice au nom du duc de Limbourg, souverain du pays.
Sa juridiction s'étendait aux affaires civiles et pénales.
A la Haute cour de Limbourg étaient réservées les causes criminelles de tout le duché.
La cour scabinale baelenoise se composait de sept échevins et d'un greffier, présidée par le drossart, officier de justice et de police.
Nommé directement par le duc, celui-ci était chargé de convoquer et diriger les assemblées de la justice, veillant au maintien de l'ordre et de la tranquilité publique.
La compétence des nouvelles cours de justice fut étendue à toutes les affaires civiles et pénales ainsi qu'aux affaires criminelles ; elles purent même prononcer la peine capitale.
La seigneurie hautaine de Baelen échut, par voie d'achat, à la famille de Bertholf de Belven, suite à l'acquisition opérée en 1648.
Propriétaire du château de Baelen, sis à Henri-Chapelle, Lambert-François de Pirons fut le dernier seigneur hautain de Baelen.
C'est en vertu de la règle héraldique bien établie que la nouvelle entité de Baelen-Membach a emprunté les armoiries de cette dernière famille, de Pirons, pour en faire le blason communal.
Armoiries de la famille de Pirons
Retracer les différentes étapes historiques (présences bourguignonne - espagnole -hollandaise - autrichienne - française) serait fastidieux et nous conduirait trop loin dans ce modeste exposé.
Le ban de Baelen et Baelen en particulier, unis au duché de Limbourg, ont vécu, au cours des siècles, à l'heure de Limbourg, capitale du duché, voisine de quelques kilomètres seulement.
La Révolution Française vint mettre un terme à l'ancien régime féodal et mit en place de nouvelles structures politiques et sociales.
C'est à cette époque que le ban de Baelen fut démembré politiquement et géographiquement.
Les localités formant jadis le ban de Baelen, furent érigées en communes distinctes.
Cet état de chose durera jusqu'en 1977, année où le "feu" ban de Baelen aurait bien pu se recréer partiellement lors des fusions des communes.
Vers le milieu du XVIIe siècle, à la suite de la création et de la vente par le roi d'Espagne de seigneuries dites hautaines, notamment la seigneurie du ban de Baelen, la compétence de l'ancienne cour de Baelen fut profondément modifiée.
Le droit de rendre la justice sur le territoire des nouvelles seigneuries érigées fut retiré à la dite cour et transféré aux seigneuries hautaines.
Le mois de juin ramène chaque année le tir à l'oiseau, épreuve d'où sortira vainqueur, le tireur qui fera basculer l'oiseau dans le vide.
Cette prouesse permettra à son titulaire de porter le titre de Roi du Tir pendant un an.
Lors de manifestations officielles, le Roi de l'année arborera le superbe collier en argent dont les attributs principaux datent de la fondation de la société.
Le tir à l'oiseau se clôture par le grand jeu du drapeau, unique en son genre, comptant plus de trentes figures répétées à trois reprises, alternativement du bras droit et du bras gauche.
Le drapeau manipulé par l'alfère est de couleur noire, mauve et jaune en soie de Lyon, équilibré en son extrémité (la hampe fait +/- 2m) par un contrepoids en plomb afin de faire pivoter le drapeau en équilibre sur différentes parties du corps de l'alfère ou dans les airs.
Avant de quitter le domaine historique, il convient de signaler encore la société de Tir Saint-Paul.
Monsieur P. Dewaay, dans son étude parue en 1977, signale que cette société a été fondée le 7 juin 1717 par le baron Bertholf de Belven, seigneur hautain de Baelen et devait être à l'origine, le prolongement d'une milice communale.
III. La paroisse de Baelen
Les origines du Christianisme dans l'ancien pays de Limbourg sont obscures.
L'évangélisation dut s'y faire pas à pas sous les efforts répétés des Apôtres des Ardennes : saint Remacle, saint Lambert et saint Hubert.
Issue de ce centre d'évangélisation, l'église de Baelen, dédicacée à saint-Paul et paroisse primitive de la région, existait seule au IXe siécle.
L'étendue de sa juridiction formait exactement les limites de l'organisation politique primitive telle qu'elle apparaît dans le domaine carolingien de "BAILUS".
Dépendance royale au IXe siècle, Baelen devait posséder, dès cette époque, une chapelle.
De la paroisse primitive dépendaient les villages de Goé, Limbourg, Bilstain, Henri-Chapelle, Welkenraedt, Eupen et Membach.
Cette immense paroisse faisait partie du diocèse de Liège et dépendait au spirituel, de l'archidiaconé du Condroz, subdivisé lui-même en quatre officialités parmi lesquelles, le Concile de Saint-Remacle, englobant Baelen.
Considérée comme église entière et baptismale, c'est-à-dire avec le droit d'y administrer le baptême, l'église primitive payait la totalité du cathédraticum à l'archidiacre du Condroz.
Le premier desservant connu est le chapelain Lambertus.
Celui-ci, en 1178, est à la fois secrétaire et chapelain du duc de Limbourg, Henri III (1167-1221)
En 1104, fut fondée l'abbaye de Rolduc, située aux environs de Kerkrade aux Pays-Bas.
Cette abbaye richement dotée par le lignage de la Maison de Limbourg le fut encore lorsque le même duc, Henri III, lui transmet l'investiture de l'église de Baelen ainsi que les dîmes de la paroisse.
La donation est confirmée en 1178 par une charte particulière de Philippe Ier, archevêque de Cologne.
En 1212, le duc Henri donne des précisions quant à ces biens et à ces dîmes et il indique par une nouvelle charte, la part attribuée au curé de Baelen.
Il ressort de ces actes que les ducs de Limbourg possédaient le patronage de l'église de Baelen au XIIe siècle et qu'ils transmettent ce droit à l'abbaye de Rolduc en même temps que la collation de la cure.
Dès lors, il appartiendra aux abbés de Rolduc de nommer les curés desservant la paroisse de Baelen, placée sous leur juridiction.
Ils le feront jusqu'à la Révolution Française.
Durant les IXe, Xe, XIe siècles, les fidèles de toute la circonscription peu peuplée alors, fréquentaient la chapelle érigée à Baelen.
La paroisse de Baelen était divisée par la Vesdre : d'une part, Bilstain, Limbourg et Goé ; d'autre part, Henri-Chapelle, Welkenraedt, Eupen, Membach et Baelen.
La présence de Limbourg, capitale du duché et les fréquentes crues dévastatrices de la Vesdre amenèrent au XIIe siècle une amorce de démembrement de la paroisse primitive.
Les trois villages (Bilstain, Limbourg et Goé) furent détachés de Baelen pour former une paroisse distincte.
Cependant, le processus du démembrement total de la paroisse primitive était inéluctable.
Si dans l'acte de 1178, il est fait mention, par exemple, de la localité d'Henri-Chapelle située au centre de bois et de marécages, il n'en fut plus de même aux siècles suivants.
Peu à peu, les divers centres de la paroisse de Baelen prirent une certaine importance au point de voir les habitants y solliciter l'établissement d'une chapellenie.
Succédant à Bilstain, Goé et Limbourg déjà démembrés, suivirent Henri-Chapelle aux environs de 1445, Eupen en 1695, Membach en 1803 et Welkenraedt en 1803.
Les paroisses détachées de la paroisse mère, restèrent cependant sous l'obédience des abbés de Rolduc, et ce jusqu'à la fin de l'ancien régime.
A l'heure actuelle, la paroisse de Baelen dépend du doyenné de Montzen englobé lui-même dans le diocèse de Liège.
IV L'église de Baelen
Ainsi qu'il a été dit plus haut et vu son statut de villa royale, Baelen possédait une chapelle à laquelle se rendaient les habitants de l'immense paroisse.
Mais bientôt, à l'initiative des abbés de Rolduc, fut construite une église de style roman aux environs des années 1180 et complètement transformée vers 1400 en style gothique.
La dernière grande restauration date de 1773 ainsi que l'atteste un moellon encastré dans la façade OUEST de la tour et présentant l'inscription : "Anno 1773 Renova".
Elle a été réalisée en marbre des Forges ou marbre de Baelen.
Eglise st-Paul de Baelen
D'ultimes travaux eurent encore lieu : en 1911, où l'on construisit un escalier tourelle accroché à la face SUD de la tour et en 1931, année où fut réalisée une nouvelle entrée sous la tour.
L'édifice religieux mesure 12m de large et 26m de longueur.
Le vaisseau est éclairé, de chaque côté, par des fenêtres de style ogival enchassées de vitraux modernes (1930).
Le chur, situé à l'EST, profite de l'éclairement de trois fenêtres équipées de vitraux datés de la fin du siècle passé.
La tour, assurément la partie la plus ancienne de tout l'édifice, se présente sous la forme d'un quadrilatère de 10m de côté sur une hauteur de 27m.
Elle supporte la flèche torse, haute de 40m.
Renversée à diverses reprises par les vents et tempêtes, l'architecte aixois Offerman en imagina la forme hélicoïdale en 1773.
Comme vestiges architecturaux d'une certaine valeur, il faut remarquer, les baies géminées de style roman au sommet de la tour et réutilisées lors de sa restauration.
Quelques pièces de valeur ornent l'intérieur de l'église, à savoir :
- Cuve baptismale
réalisé en pierre calcaire, elle présente un rebord octogonal partagé symétriquement par quatre mascarons.
Une inscription taillée en creux anime le champ du dit rebord et présente la date 1538.
Mention y est faite du curé Andréas van Geyllen, jadis curé de cette paroisse de 1533 à 1542.
- Chaire de Vérité
de style Louis XV et sculptée par R. Delcommune, elle présente un fronton orné d'un chronogramme dont les lettres numérales offrent la date de 1767 : "attende qui caelum cupIs" (Ecoute, toi qui désires le ciel).
La cuve (de forme ronde) présente, sur une de ses faces, l'Agneau vexillaire entouré d'un décor de rocailles.
Le revêtement de la colonne représente Saint-Paul.
- Christ à la croix triomphale
suspendu au-dessus du choeur, il doit dater du XVe siècle.
Les attributs des Evangélistes ornent, en médaillons, les quatre extrémités de la croix.
Un autre exemplaire de croix triomphale et de même époque se trouve en l'église Saint-Georges à Limbourg.